LA RÉPRESSION POLITIQUE

LA BESTIALITÉ DES GEÔLIERS TURCS

TURQUIE

    Après le coup d'État militaire de 1980, le régime fasciste de Turquie a concentré sa répression massive contre les ouvriers, les paysans, le peuple kurde. Mais c'est une répression d'une particulière cruauté qui s'est abattue sur ceux qui se sont dressés contre la dictature fasciste.
    En un bref laps de temps, plus de 15000 détenus politiques se sont retrouvés derrière les bareaux des prisons. La Turquie a été transformée en un pays-prison.
    Vexátions outrageuses, tortures et meurtres sont devenus pratique courante dans les prisons turques.
    Pourtant, la bestialité des fascistes turcs a entraîné une vague de résistance à la dictature. Y compris dans les prisons turques où ont commencé des troubles et des actions de protestation des détenus politiques contre la bestialité des geôliers. En particulier, un important groupe de détenus politiques a déclaré une grève de la faim de protestation en 1996 au cours de laquelle ont péri 12 héros révolutionnaires. Les autorités fascistes de Turquie ont été contraintes d'abaisser temporairement le niveau de répression et de bestialité dans les prisons.
    Ces dernières années, les autorités fascistes de Turquie ont procédé à la construction de milliers de cellules individuelles pour les détenus politiques, les cellules dites du type F aux conditions de détention particulièrement sévères. En signe de protestation contre la détention isolée et le renforcement des mesures de vexation outrageuse dans les prisons, un groupe de détenus politiques révulutionnaires s'est déclaré en grève de la faim le 20 octobre dernier.



Nous sommes solidaires de la lutte courageuse
des détenus politiques!
Gloire aux héros révolutionnaires
qui languissent dans les geôles fascistes de la Turquie!





LA DÉFENSE DES PRISONNIERS POLITIQUES

    Sur la base d'accusations fabriquées de toutes pièces, les services spéciaux de la Russie bourgeoise fasciste ont jeté en prison plusieurs militants du mouvement de la jeunesse de gauche, à savoir

LARISSA ROMANOVA

NADEJDA RAX
ANDRÉÏ SOKOLOV
TAT'YANA SOKOLOVA
OL'GA NEVSKAYA



DANS LES GEÔLES DE LA GESTAPO

RUSSIE

    Larissa Romanova (Chtchiptsova) est née en 1974. Elle a quitté l'école avec la Médaille d'or et a terminé ses études supérieures à Moscou avec la mention «Excellent». Elle est mère de deux enfants. Au début des années quatre-vingt-dix, elle a rejoint le mouvement de résistance au régime bourgeois.
    Elle a été mise en détention provisoire pour avoir refusé de signer un acte d'accusation inventé de toutes pièces, puis a été transférée, de sa cellule d'isolement politigue de Léfortovo
[Léfortovo - nom d'une célèbre prison de Moscou ainsi appelée en raison du fait qu'elle est située dans un ancien faubourg de Moscou qui porte ce nom historique parce qu'y était cantonné, à la fin du XVIIe s., un régiment commandé par l'amiral F. Y. Lefort (d'origine suisse) - note de traducteur], à la maison d'arrêt pour criminels de droit commun, cellule 48/6, où elle est soumise à des violences physiques et à des vexations de la part de ses geôlières et autres personnages nullissimes de la prison.
    Larissa Romanova a été arrêtée et jetée en prison avec sa fille, un bébé de six mois. Le 26 août, c'est dans la geôle de sa prison qu'elle a fêté l'anniversaire de sa fille prisonnière avec elle: la première année de vie de la petite Nadya.

FRAGMENTS D'UNE LETTRE DE PRISON DE LARISSA ROMANOVA

    J'écris cette lettre de ma geôle. Après mon transfert, de ma cellule d'isolement de la FSB de Léfortovo, à la maison d'arrêt du ministère de la Justice, on m'a mise au service hospitalier du quartier médico-sanitaire de la prison. Je n'allais à la promenade qu'avec des femmes détenues ici avec leurs enfants. Dans la prison, on les appelle les «mamas». À la maison d'arrêt, le pouvoir appartient entièrement aux surveillantes et aux gardiennes de l'ordre intérieur (c.-à-d. aux forces répressives) [dans ce texte, tous les commentaires placés entre les parenthèses sont de la Rédaction de la «Prolétarskaya gazéta» - note de traducteur], comme dans un camp de concentration modèle.
    Ils ne me remettent absolument aucune lettre; je n'ai reçu du'une seule et unique lettre de mes parents. J'ai appris que l'agent d'enquête SVECHNICOV, du Service des enquêtes de la SFB pour Moscou et l'oblaste de Moscou, retient la correspondance, tentant ainsi de briser le moral des prévenus. Le procédé n'est pas nouveau! (Il a été emprunté aux gendarmes tsaristes.) Lors des interrogatoires, les gendarmes sont «compatissants»: «Tout le monde vous a oubliée - disent-ils; - personne n'a besoin de vous; vous avez fait des bêtises, mais avec notre aide, vous pouvez vous retrouver rapidement en liberté; si seulement vous avouiez, si vous écriviez ce que nous désirons!».
    Le 26 avril, on m'a transférée du service hospitalier du quartier médico-sanitaire dans une cellule commune. D'après la composition de la cellule, j'ai tout de suite compris que je me trouvais sous surveillance opérationnelle; d'ailleurs, mes compagnes de cellule m'ont immédiatement prévenue et indiqué la moucharde, la «mouche à ordures» (comme on l'appelle dans l'argot des prisons). Elles m'ont bien accueillie. Il y avait à ce moment dans la cellule, la «khata» [khata - maison paysanne en Ukraine, en Biélorussie et dans le sud de la Russie - note de traducteur] en argot de la prison, trois Tsiganes… Ensuite est arrivée une Tadjike qui est devenue mon amie; nous partagions le pain et le sel. Les deux autres femmes détenues n'étaient pas fameuses… La moucharde avait été condamnée pour commerce d'enfants…
    Aujourd'hui, un rapport a été rédigé sur moi… pour communication intercellules. En prison, il est strictement interdit aux détenus de communiquer avec qui que ce soit, sauf avec leurs compagnons de cellule. Malgré cela, il existe en détention une multitude de moyens de communiquer avec des compagnons d'infortune. Il y a même une poste spéciale de la prison dite «la route». Les contrevenants au régime pénitentiaire sont appréhendés et l'on rédige un rapport pour examen ultérieur et punition. De terribles pressentiments m'assaillent que l'on m'enlève mon bébé… Ou bien que l'on me passe à tabac pendant deux semaines dans la cellule comme cela se pratique ici. En ce moment, c'est selon…
    A propos, mon bébé est le plus calme dans la cellule. L'aîné de la «khata» a un an et demi et le cadet, deux mois.
    Peu de temps après que l'on m'eut transférée dans la cellule des «mamas», la plus ancienne de la cellule s'est querellée avec la moucharde. Les matonnes, qui sont responsables du respect du régime de la prison, sont arrivées et ont transféré notre doyenne dans une autre cellule. Comme je n'avais pas trouvé de langage commun avec MAXIMOVA, la surveillante la plus salope de la prison, celle celle-ci, profitant de l'occasion, m'a sortie ce jour-là de la cellule sans mon bébé et m'a enfermée au cachot. Quarante minutes plus tard, alors que j'y étais déjà littéralement gelée et que mon lait commençait à couler - justement, c'était l'heure de donner la tétée à ma fille - je me suis mise à tambouriner sur la porte du cachot, exigeant que l'on me ramène dans la cellule auprès de mon bébé affamé. Elles ont appelé le médecin et tout de suite, la MAXIMOVA est accourue pour me prévenir de ne pas communiquer avec elle [le médecin - note de traducteur], sinon ce sera ma fin…
    Je vais décrire les derniers évènements. Actuellement, je suis en cabanon au service hospitalier. Tout mon cauchemar réside en ce que l'on ne me mène pas à la promenade avec mon bébé, comme le règlement l'exige pour les mères qui allaitent, mais que l'on me laisse enfermée dans ce cachot de bé-ton.
    Les choses se sont passées ainsi. La moucharde NIKOLAÏTCHOUK, qui était dans la même cellule qui moi, avait une «épaisse couverture» dans la prison. En liberté, elle faisait commerce d'enfants et ce business s'exerce avec l'étroite complicité des gardiennes de l'ordre intérieur des prisons (les GOIP) et de certains fonctionnaires. Jusqu'à son jugement, personne dans la cellule ne connaissait ses chefs d'inculpation. Elle entretenait toutes sortes de conversations confidentielles avec ses codétenues. Mais ensuite, les «mamas» se voyaient infliger des temps de détention exorbitants. Personne n'y comprenait rien.
    Lorsque la NIKOLAÏTCHOUK a été condamnée à trois ans (seulement), on ne l'a pas envoyée de la maison d'arrêt à la «zone» [zone - terme d'argot des prisons désignant une maison centrale pour les condamnés à de longues peines - note de traducteur] (en violation de toutes les lois en vigueur), mais laissée parmi nous pour son travail de mouchardage opérationnel. Ensuite, elle a fait l'objet d'une amnistie. Avant sa remise en liberté, elle a déclaré d'une façon provocatrice qu'après son élargissement, elle continuerait de s'occuper de ce même business (son commerce d'enfants). Je lui ai alors donné mon opinion sur ce sujet suivant tout le programme…
    Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir. Le 19 juin au matin, on m'a dit d'aller avec mes affaires et mon bébé au cabanon du pavillon d'isolement médical. Je demande: «Pour quelle raison?! Appelez le médecin qu'il me présente le document relatif à mon transfert au cachot de l'hôpital. Sans avis du médecin, un tel transfert est notoirement illégal. Quant à moi, je ne suis tenue de me soummetre qu'aux exigences légales de l'Administration de la maison d'arrêt»…
    J'ai refusé de sortir de la cellule par crainte que ces conditions de détention différentes ne nuisent à la santé de ma fille… La matonne MAXIMOVA se précipita dans la cellule avec une autre femme que je ne connaissais pas et qui se présenta comme étant la chef adjointe de la maison d'arrêt et ce ra-massis d'ordures… La MAXIMOVA commanda: «Sortez ses affaires de la cellule!». Les ordures commencèrent à sortir mes affaires de la «khata»… La MAXIMOVA m'empoigna par les cheveux et allez donc, la charogne, de me traîner à sa suite, puis m'envoya me cogner contre une table de fer (Larissa tenait son bébé dans ses bras). La MAXIMOVA n'avait pas remarqué que deux femmes avaient assisté à tout ce débordement: KLÉINA et MAGJANOVA. Elles peuvent en effet confirmer que la MAXIMOVA m'a rouée de coups (martyrisée) sans motif ni raison!…
    Ensuite, les ordures se sont mises à m'arracher mon bébé. En gros, j'ai fait une crise de nerfs. Elles ont saisi Nadya par les bras et les jambes et me l'ont arrachée en la tirant chacune à elle. J'ai laissé aller mon bébé après avoir compris qu'elles allaient lui fracasser la tête… Non, ce ne sont pas des mères qui les ont mises au monde, mais des…
    En écrivant cela, j'en tremble encore jusqu'à présent. Elles m'ont enlevé ma petite Nadya. Elle se cramponait à moi et criait horriblement. La MAXIMOVA commanda: «Emportez le bébé!». Quand j'ai entendu cela, ma vue s'est brouillée. J'ai écarté les GOIP et me suis accrochée à elle… qui emportait mon bébé, tandis qu'elle sortait précipitamment de la «khata». Les autres se jetèrent sur moi, me repoussant à coups de pieds, me tordant les bras derrière le dos, et me passèrent les menottes. De toutes ces horreurs, mes jambes refusèrent d'obéir.
    Les GOIP m'ont entraînée dans le corridor par mes bras tordus derrière le dos en m'«encourageant» de leurs coups de pieds et de poings. Après les coups, je voyais tout comme dans un brouillard. J'ai rassemblé toutes mes forces, me suis redressée et, aux yeux de tous, j'ai craché à la gueule de la marchande d'enfants, instigatrice de ce règlement de compte de bêtes fauves.
    J'ai crié par toute la prison: «Rendez-moi mon bébé, vermines!». Les GOIP m'ont entraînée et battue tout en m'insultant: «Tiens, chienne, gueule! Il faut la bâillonner!». Elles me redressèrent et vas-y que je te frappe au visage…
    Je n'ai revu ma Nadya qu'au cabanon. Les menottes m'avaient écorché la peau; j'ai serré mon bébé dans mes bras. Nous avons attendu encore une heure que l'on veuille bien nous jeter, comme à des chiens, nos affaires dans la cellule. Jusque là, je n'avais nulle part où poser mon bébé et je ne pouvais pas la nourrir. Et moi-même, c'est à peine si j'avais la force de la tenir.

    Dès ce moment, mon lait a passé d'un seul coup. J'avais terriblement mal à la tête et entendais mal, comme au travers de tampons d'ouate, et encore jusqu'à présent. Ma petite Nadya a été psychiquement perturbée pendant quelques jours; elle pleurait à chaque élévation de la voix et tressaillait à chaque bruit de porte.
    Peut-être pensez-vous que notre calvaire a pris fin avec cela? Ce n'en était que le commencement!..
    D'une façon générale, c'est ici qu'ont lieu tout les débordements. Par exemple, les GOIP peuvent faire irruption dans la «khata» et se mettre à asperger tout le monde de gaz: enfants, femmes enceintes, malades, vieilles femmes. Les gens suffoquent… Ou bien, comme c'est arrivé, sous le moindre prétexte, on lâche dans la cellule d'énormes chiens de berger spécialement dressés à talonner les prisonniers (dans une cellule où il y a de petits enfants et des femmes enceintes!). Il arrive aussi que l'on décide de punir toute la «khata». On fait alors sortir tout le monde dans la «zone interdite» - espace de protection entourant la prison - et l'on oblige les gens à courir tout autour du bâtiment, les GOIP courant ellesmêmes derrière avec les chiens de berger… C'est pourquoi je sais que si je n'avais plus ma fille avec moi, il leur serait plus facile de me «faire boire la tasse» comme l'a promis Poutine (le garent), peut-être même dans les latrines [allusion à une expression argotique assez vulgaire ayant cours dans les milieux de la pègre tambovienne de Saint-Pétersbourg et reprise par Poutine lors de son accession au fauteuil de Premier ministre, à propos des malheureux travailleurs qui, ne percevant plus leur salaire, se couchent de désespoir sur les voies ferrées et les route: «On leur fera boire la tasse, dans les latrines s'il le faut» - note de traducteur], ou même de me mutiler. D'une façon générale, j'attends chaque joir quelque chose dans ce genre.
    Je haïrai les gendarmes de la FSB, les ordures de matonnes et les larbines-mouchardes jusqu'à mon dernier souffle. Je les maudirai. Notre Pouvoir soviétique va venir et alors, il faudra écraser ces bêtes sauvages engragées, ces monstres, ces nullités, comme des blattes! (Et ce jour viendra immanquablement!)
    On nous a privé de promenade, moi et ma fille; l'organe de direction des surveillantes a donné ordre de me transférer avec ma fille au cachot № 6. C'est une sorte de fosse bétonnée de cinq mètres de long sur un de large avec un tabouret. Par temps de pluie, on peut y attraper une pneumonie d'un seul coup à cause de l'humidité et, par temps chaud, un coup de chaleur. Une radio hurle en permanence sur tous les cachots pour que les prisonniers ne puisse échanger quelques mots d'un cachot à l'autre. À cause de ces horribles hurlements radiophoniques, ma petite Nadya cligne des yeux et se recroqueville car le fracas des sons exerce une forte pression sur ses tympans…
    Ma plainte n'a pas été envoyée au tribunal auquel je demandais que soient engagés des poursuites pénales contre la moucharde NIKOLAÏTCHOUK et la matonne MAXIMOVA pour ses actes de cruauté. La NIKOLAÏTCHOUK a été, elle, libérée par amnistie, tandis que MAGJANOVA, qui a été témoin de mon passage à tabac, il l'ont sortie de la maison darrêt… Le 20 juin 2000, l'assistante médicale de la prison a refusé, au mépris de la loi, de constater et consigner les coups qui m'ont été portés…
    Ce que je désire en fin de compte: lorsque, malgré tout, le soulèvement longtemps attendu des humiliés et des outragés commencera (et il commencera immanquablement), c'est d'être la première à monter sur la barricade!


Adresse du Comité de défense des prisonniers politiques:
125167, Rossija, Moskva, ul. Planetnaja,
dom 26, pod~jezd 3, komnata 70.
Komitet zashchity politicheskikh uznikov
Téléphone et fax à Moscou:
00~7 (095) 155-90-63
Site sur le réseau Internet:
www.sovetsky.narod.ru/kzp




Nous appelons les prolétaires du monde entier
à les soutenir par tous les moyens possibles
et à se dresser pour la défense des prisonniers politiques,
combattants actifs contre l'oppression de classe!



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